Alain BADIOU et Barbara CASSIN

Alain Badiou
philosophe, professeur émérite à l’Ecole normale supérieure,
est également dramaturge et romancier

Il a récemment publié, chez Lignes, De quoi Sarkozy est-il le nom ?
et L’Hypothèse communiste,

et chez Fayard, Le Concept de modèle (rééd.)
et Second manifeste pour la philosophie


Barbara Cassin
Directrice de recherches au CNRS, Barbara Cassin est philologue et philosophe.
Auteur de nombreux ouvrages de philosophie, elle a notamment dirigé le Vocabulaire européen des philosophies (Le Robert/Seuil, 2004)
et publié chez Fayard, Avec le plus petit et le plus inapparent des corps (2007).

 

Alain Badiou et Barbara Cassin
viendront à la librairie
vendredi 21 mai
à partir de 19 h
présenter et débattre avec les lecteurs
des deux livres
qu’ils viennent de publier conjointement :

Il n’y a pas de rapport sexuel (Lacan)

De tous les textes de Lacan, L’Etourdit, publié en 1973 dans la revue Scilicet et réédité en 2001 au Seuil dans le volume Autres écrits, est généralement tenu pour un des plus obscurs, ce qui n’est pas peu dire quand on connaît la réputation de gongorisme faite de longue date à son auteur. C’est que ce texte synthétise nombre des aspects les plus importants, mais aussi les plus difficiles, ou les plus paradoxaux, de la pensée de Lacan, telle qu’elle se fixait de façon décisive en ce début des années 1970. Le séminaire de l’année universitaire 1972-1973, titré Encore, est celui où l’on trouve en abondance les doctrines et les formules qui ont fait alors la fortune de Lacan : la théorie des quatre discours (le Maître, l’Hystérique, l’Université et l’Analyste), « l’amour supplée à l’absence du rapport sexuel », « La femme n’existe pas », « Le langage est une élucubration de savoir sur lalangue », etc. Barbara Cassin et Alain Badiou proposent ici de penser « avec » ce texte, à travers lui, par entaille et prélèvement, sur des questions qui leur sont chères. Ces deux études, ou lectures – faites, l’une par une femme, l’autre par un homme (la remarque est importante) –, ont le savoir comme enjeu, envisagé par B.Cassin à partir de son rapport intime aux choses de la langue, et par A. Badiou à partir de ce que la philosophie prétend pouvoir dire quant à la vérité. Si bien qu’à propos de L’Etourdit de Lacan c’est à une nouvelle confrontation, ou à un nouveau partage, entre la masculinité de Platon et la féminité de la sophistique qu’on assiste.

Heidegger. Les femmes, le nazisme et la philosophie


Heidegger est l’objet, ou l’enjeu, singulièrement en France, d’une polémique permanente. D’un côté ceux qui, installés dans le culte du Penseur, nient catégoriquement que quoi que ce soit, dans sa vie comme dans sa philosophie, ait entretenu un rapport quelconque avec le nazisme. De l’autre ceux pour qui Heidegger a été de part en part un idéologue du nazisme, voire l’inspirateur, aussi actif que secret, de ses pires aspects, et, du coup, est totalement discrédité comme philosophe. Barbara Cassin et Alain Badiou ont toujours pensé, à partir d’expériences personnelles et d’orientations de pensée singulièrement différentes, que cette polémique était mal centrée. Leur position, au fond très simple, est qu’il faut accepter le paradoxe suivant : oui, Heidegger a été un nazi, pas un nazi de première importance, un nazi ordinaire, un petit bourgeois nazi de province. Oui, Heidegger est sans aucun doute un des philosophes les plus importants du XXe siècle.

Ce texte, qui devait à l’origine introduire une édition de la correspondance choisie d’Heidegger et de sa femme – un projet interdit par les ayants droit –, traite non seulement du paradoxe du grand philosophe égaré dans le nazisme, mais aussi d’un aspect très frappant de cette correspondance, à savoir le rapport du même grand philosophe aux femmes A sa femme Elfride, naturellement, mais aussi à bien d’autres dont au cours de sa longue vie il a été l’amant. On a là une figure de couple tourmenté et indestructible, qui apparaît comme une réplique provinciale et allemande au couple Sartre-Beauvoir.

 

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